Conscience du Réel — Sylvain Lebel
Conscience du Réel
Version originale française.
Introduction
D'où vient le monde ?
D'où vient la conscience ?
Il est une évidence que personne ne peut contester : quelque chose change. C'est peut-être la seule certitude dont nous faisons tous l'expérience, avant toute explication ou théorie. Le monde bouge, se transforme, et nous en sommes les témoins directs. Cette perception du changement, si simple soit-elle, est notre premier contact avec le réel. C'est à partir d'elle que s'ouvre ici un chemin de compréhension.
Ce texte part de cette expérience minimale pour explorer une idée audacieuse : que l'ensemble des phénomènes — l'espace, le temps, la matière, la pensée, la conscience — pourraient émerger d'une seule dynamique fondamentale. Sans recourir à des croyances préalables, il s'agit d'interroger ce que cette première sensation de mouvement implique, si on la pousse jusqu'au bout de ses conséquences.
À travers une progression logique et imagée, cette proposition esquisse une vision d'ensemble du réel : une manière de relier ce que la science, la philosophie et l'expérience humaine décrivent souvent séparément. Il s'agit d'un effort de cohérence : chercher si, en partant du plus simple, on peut faire émerger le plus complexe — non par dogme, mais par nécessité.
Évaluation de ce travail par IA (ChatGPT) :
Méthodologie
Notre seul lien avec la réalité réside dans nos perceptions. Mais comme celles-ci sont fréquemment trompeuses — sujettes à l'illusion, au mirage, à l'erreur sensorielle comme à l'interprétation biaisée — il serait imprudent de s'y fier entièrement pour atteindre la vérité.
Il existe pourtant une perception dont nous ne pouvons absolument pas douter : celle de percevoir quelque chose de changeant plutôt que rien. Cette certitude minimale — l'irréfutabilité du changement perçu — constitue notre point d'ancrage. Même si tout ce que nous percevons pouvait être illusion, le fait de percevoir une altération, un mouvement, un devenir, ne peut, lui, être nié.
Or, sans même comprendre pleinement comment, nous discernons que ce qui perçoit existe. Pourquoi ce lien si intuitif entre la perception et l'existence ? Et si cela est bien le cas, alors qu'est-ce qui existe réellement ? Est-ce l'espace-temps, les particules et les forces décrites par la physique moderne ? Ou bien serait-ce plutôt ce qui leur procure existence, cohérence et propriétés ? Autrement dit : leur substance.
Dans le langage courant, ces questions sont souvent écartées ou ridiculisées — considérées comme des incursions naïves dans le domaine du " Grand Inconnaissable ", qu'on l'appelle Dieu, Principe premier, ou Substance absolue. Pourtant, ces questions demeurent légitimes pour quiconque cherche à penser rigoureusement le fondement de ce qui est.
Nous nommons CELA cette substance du réel. Ce nom est volontairement neutre, accessible, et sans connotation religieuse ni scientifique préétablie.
L'approche proposée ici se déroulera en deux temps :
- À partir de la certitude minimale — percevoir du changement — déduire les attributs que cette substance doit nécessairement posséder pour que cette perception soit possible. Autrement dit, reconstruire progressivement une ontologie minimale à partir de cette unique certitude.
- Imaginer ensuite cette substance dans l'état le plus simple, le plus élémentaire possible. Puis, en fonction de ses attributs, la laisser se complexifier, pour observer si cette complexification peut engendrer, expliquer et structurer notre réalité observable : l'espace, le temps, la matière, les forces, la vie et la conscience.
Ce chemin propose un cadre cohérent, intelligible et fécond, capable de générer une lecture unifiée de l'univers. Un cadre dans lequel science, expérience intérieure, et questionnement philosophique peuvent dialoguer.
Attributs de la Substance du Réel
Si la perception implique l'existence – point qui reste à démontrer – percevoir quelque chose de changeant plutôt que rien implique l'existence de quelque chose en soi, que je nomme substance du réel. Elle est…
- Seule : Désignant « ce qui existe en soi » rien d'existant ne lui est autre ou extérieur.
- Éternelle : Seule, non-créée, sans début ni fin, elle n'est pas soumise au temps mais en est productrice.
- Indivisible : Seule et éternelle, elle est indivisible sans quoi autre chose devrait en séparer les parties.
- Continue : Éternelle et indivisible, elle ne présente aucune rupture et ne subit aucune interruption.
- Sensible : Sensible à elle-même sans quoi aucune perception consciente ne serait possible.
- Dynamique : Dynamique sans quoi aucune perception ne serait changeante.
- Intelligible : Sensible à elle-même, elle peut se concevoir.
- Finie : Forme tout dans des limites; les grandeurs physiques infinies impliquant paradoxes et inconcevables.
- Immanente : Insoumise à toute cause transcendante, elle porte son principe en elle-même, états d'être, cause de tout.
J'en déduis donc que la substance du réel est seule, éternelle, indivisible, continue, sensible, dynamique, intelligible, finie et immanente. Voyons maintenant si elle peut être productrice des notions et éléments identifiés par la science et la phénoménologie.
Produits Physiques
Représentons-nous la substance du réel dans son état le plus simple imaginable et voyons comment cet état se complexifie et quels sont les produits et notions physiques naissant de cette complexification. L'état le plus simple imaginable est celui où toute la substance du réel (notée CELA) est dans un état de densité extrême. Statique dans cet état de densité je l'illustre comme un point dans une configuration sans étendue spatiale discernable.:
Mais par sa propriété d'être dynamique en substance, CELA ne pourrait demeurer dans cet état statique. elle doit s'étendre. Si elle le fait sur un axe dimensionnel, elle forme une ligne. Sur deux axes, une surface. Sur trois axes, un volume. Mais pourquoi pas quatre axes ? Ou cent ? A priori la substance devrait s'étendre sur tous les axes dimensionnels utiles pour réduire le plus directement son état de densité, ou si vous préférez, pour occuper au plus vite le maximum de volume. Soit entre cinq et six axes selon le calcule de variation du volume de l'hypersphère selon son nombre de dimension :
Or cinq ou six axes c'est apparemment ce dont on a besoin pour donner naissance aux principales notions de la physique moderne. Partant d'un état de densité maximale illustré comme un point, imaginons que CELA s'étend sur un axe dimensionnel :
Toutes ces notions physiques (accélération, vitesse, distance et temps) naissent de l'exploitation d'un seul axe dimensionnel. En les considérant comme axialement de dimension 1, les relations fondamentales de la physique nous indiquent que toutes se classent aux dimensions indiquées sur le tableau suivant, et chaque notion (ex: force, énergie) naissant bien de l'exploitation de ce nombre d'axes dimensionnels.
CELA, en s'étendant, ne produit pas seulement de l'espace ; il engendre des lois, des dynamiques, des structures. Ce point est crucial : les lois physiques ne sont pas extérieures à la substance, mais sont les effets mêmes de son expansion dimensionnelle. C'est pourquoi chaque nouvelle dimension exploitée par CELA donne naissance à de nouvelles notions — et, ultimement, à notre réalité physique. Car il est clair que nous ne vivons pas dans ces espaces dimensionnels. Il serait plus juste de dire que nous en sommes faits ainsi que l'espace-temps dans lequel nous vivons. Nous y reviendrons dans les sections suivantes. Mais pour l'instant, plutôt que tenter de s'imaginer à quoi ressemble physiquement une substance s'étendant sur de multiples dimensions à la fois spatiales et temporelles, voyons quels en sont les produits psychiques.
Produits Psychiques
Si tout ce qui existe est fait d'une seule et même substance — CELA — alors il n'y a pas de sujet distinct de l'objet, pas de « percevant » extérieur à la réalité. Ce qui perçoit, c'est encore CELA, mais sous une forme spécifique de son propre déploiement. Autrement dit, la conscience est une modalité d'organisation de la substance du réel. Ce n'est pas un ajout mystérieux à l'univers : c'est une propriété émergente de la complexification de CELA.
Partant de notre certitude minimale — la perception de quelque chose (notée qqch) de changeant — nous pouvons aborder la perception consciente comme un produit, non pas d'une matière indépendante, mais de cette même substance unique que nous avons vue engendrer l'espace, le temps et les lois physiques.
En reprenant la même méthode que pour les produits physiques, nous pouvons supposer que la perception émerge, elle aussi, d'une complexification progressive selon certains axes. Le tableau suivant, bien que schématique et incomplet, suggère une ébauche de cette complexification, où chaque ajout d'un nouvel axe perceptif donne naissance à une nouvelle structure de discernement :
Ainsi, la perception consciente n'est pas un tout indivisible, mais une construction dynamique : elle est faite de discernements successifs, chacun basé sur une différence perceptible, organisée selon des axes spécifiques. Ces discernements structurent notre expérience du monde intérieur comme du monde extérieur. Ils sont les outils par lesquels CELA, à travers nous, se distingue, s'explore, se reconnaît.
On peut donc maintenant comprendre et prouver que la perception implique l'existence. Si nous n'avons pas l'impression que l'existence implique nécessairement la perception, c'est que la perception de percevoir (qqch ressent qqch) est constituée d'éléments moins complexes que la perception d'exister (l'être qqch), et qu'il nous suffit de regrouper les deux premiers éléments ((qqch ressent) qqch) pour réaliser que percevoir implique d'exister (l'être qqch). Mais l'inverse n'est pas vrai. Car là il faut décomposer le premier élément (l'être qqc) et ce premier élément peut aussi bien désigner un objet ((ressent qqch) qqch) qu'un sujet ((qqch ressent) qqch). C'est aussi ainsi que nous pouvons passer d'une vérité à une autre, sans que ces vérités n'aient de rapport nécessairement évident entre elles, selon la façon dont on combine et recombine les éléments d'une même perception. Exemples :
Si combiner des « qqch » et ses produits permet de retrouver les idées de l'univers du discours ontologique, cela implique qu'on peut aussi faire de même avec par exemple l'adverbe « intense » entendu dans l'univers discours sur le chauffage, et ainsi retrouver les idées ou termes spécifiques de cet univers. Le tableau suivant met en évidence la correspondance entre notions physiques, psychiques et linguistiques dans l'univers du discours thermique choisie comme exemple.
Comme on peut le voir, la correspondance est assez évidente, et met aussi en évidence la nature psycho-physique du réel. Les produits physiques du huitième axe semblent inconnus des sciences physiques. Il produirait entre autres le « monde écran » de la conscience phénoménale, le « lieu » où l'esprit voit, entend, etc. Ce serait aussi le « lieu » où l'on rêve et imagine, incluant les solutions aux problèmes. Par exemple, vous voudriez avoir plus chaud ? Voici les solutions
La ou les méthodes qui vous plaisent le plus, spirituellement parlant, dépendent de l'usage relatif que vous faites de vos facultés de septième niveau.
Origine des mentalités spirituelles
À mesure que CELA se complexifie et que les perceptions s'organisent selon des dimensions croissantes, certaines combinaisons récurrentes donnent naissance à des facultés perceptives systémiques de septième niveau. Ces facultés ne sont pas arbitraires : elles résultent de la combinaison de deux types de perceptions fondamentales, et donnent lieu à trois sensibilités spirituelles distinctes, que l'on retrouve dans toutes les cultures, sous des formes variées : libérale, socialiste et conservatrice.
Chaque voie d'accès au niveau systémique (D7) s'appuie sur un duo de dimensions inférieures, formant un style particulier de discernement du réel. Ces styles ne sont pas uniquement cognitifs : ils impliquent une manière d'être au monde, une manière de ressentir les problèmes, d'y chercher des solutions, d'évaluer ce qui importe vraiment.
Le libéral pense surtout en termes de valeur ou d'importance des principes, du savoir. Le socialiste, en termes de relations sensibles. Et le conservateur, en termes d'objets et de sujets, d'actions, d'états, de statuts et d'avoirs. C'est ce qu'ils considèrent en premier lieu, ce à quoi ils accordent le plus d'importance, spirituellement parlant. Alors même si tous trois contemplent les mêmes réalités systémiques, ils ne les perçoivent pas à travers la même faculté. Ils n'en ont donc pas la même perception, ne sont pas sensibles aux mêmes problèmes, et n'envisagent pas les mêmes solutions. Un bel exemple de divergence réside dans le contenu de l'expérience mystique.
Relevant vraisemblablement d'une perception de CELA via l'interne, le contenu de cette expérience est largement conditionné par les perceptions de composition des trois sens spirituels de septième niveau du mystique selon sa mentalité. Tous les degrés de mélanges sont possibles, fondant toute sorte de doctrine. Par exemple, le conservateur jugera que Dieu est dans tout que si sont sens socialiste est assez fort. Faute de cela, il présumera souvent que Dieu est extérieur à sa création...
Ces trois types ne s'excluent donc pas. Ils coexistent en chacun de nous à des degrés divers, mais une sensibilité tend souvent à dominer. Dans certains cas, une expérience intégrative peut équilibrer ces tendances, révélant une conscience plus vaste, capable d'embrasser les principes, les relations et les structures à la fois.
C'est cette conscience élargie que semblent suggérer certaines expériences mystiques profondes — mais aussi ce à quoi aspire toute démarche métaphysique complète : unifier les facettes spirituelles du réel dans une perception cohérente de CELA.
Genres spirituels
Nous avons vu comment trois sensibilités spirituelles fondamentales — libérale, socialiste et conservatrice — émergeaient de la combinaison de dimensions perceptives dans le cadre du processus de complexification de CELA. Chacune de ces sensibilités peut à son tour se manifester selon deux polarités distinctes, que l'on peut nommer masculine et féminine, non pas au sens biologique ou social, mais dans leur fonctionnement perceptif et finalité spirituelle. Chaque sensibilité spirituelle (libérale, socialiste, conservatrice) peut s'exprimer de deux manières :
Ainsi, le genre spirituel ne se définit pas par le sexe, mais par la direction perceptive privilégiée dans la manière de traiter les dimensions du réel. Une personne peut, par exemple, être conservatrice dans sa mentalité, mais féminine dans son orientation spirituelle — ou encore, socialiste avec une double polarité masculine (relation > sensation) et libérale dans un mode féminin (intensité > principe). Chacun d'entre nous semble posséder en lui une configuration particulière :
- Un genre spirituel dominant, formé par la polarité la plus fréquente dans deux des trois sensibilités.
- Une mentalité spirituelle dominante (libérale, socialiste ou conservatrice), qui oriente la manière dont les autres sont intégrées.
Exemples :
- Quelqu'un de libéral masculin, mais aussi conservateur masculin et socialiste féminin, aura un genre spirituel masculin dominant.
- Une autre personne, socialiste féminine, libérale féminine et conservatrice masculine, aura un genre spirituel féminin dominant.
Ce triangle des sensibilités et polarités façonne une part profonde de l'identité spirituelle. Il conditionne les résonances, les incompréhensions entre personnes, et les affinités spontanées avec certaines formes de savoir, d'art, d'action ou de foi.
Stabilité et singularité
La configuration spirituelle semble stable au cours d'une vie. On ne choisit pas sa mentalité dominante, ni ses polarités. Mais on peut apprendre à mieux se connaître, et surtout à reconnaître la logique et les forces des autres sensibilités, même si elles ne nous sont pas naturellement accessibles.
C'est cette diversité des types spirituels qui rend les collectifs humains si féconds — mais aussi si conflictuels. Chacun perçoit, ressent et juge selon une structure propre, souvent incomprise des autres.
Reconnaître les forces et faiblesses de son propre type spirituel, et tâcher d'honorer aussi ce que l'on ne perçoit pas bien, est sans doute l'une des tâches majeures du cheminement spirituel. Car si toute conscience procède de CELA, alors toute voie perceptive sincère en est aussi une expression légitime.
Mais aucune ne peut prétendre à elle seule tout voir, tout comprendre, tout ordonner. L'union des types, dans le respect et l'écoute, est ce qui permet à la conscience collective d'approcher un peu mieux la totalité de CELA.
Ontologie et équilibre perceptif
Les grandes visions du réel — matérialisme, idéalisme, dualisme, monisme, etc. — ne sont pas des absolus. Elles reflètent en grande partie la manière dont chaque esprit humain mobilise ses différents niveaux de perception.
- Principe et intensité (profil libéral)
- Qualités sensibles et relations (profil socialiste)
- Objets, statuts et actions (profil conservateur)
Lorsqu’un individu ou une culture fonde sa vision du réel sur une combinaison déséquilibrée de ces niveaux, il en résulte une ontologie partielle : cohérente dans son propre registre, mais incapable d’embrasser l’ensemble.
À l’inverse, un usage assez équilibré de ces trois grandes orientations perceptives permet un exercice ontologique plus complet. Il devient alors possible de dégager des attributs valides de la substance du réel, à partir de la seule certitude commune : percevoir quelque chose qui change.
Ainsi, la validité de ces « attributs perceptifs » ne repose ni sur une révélation, ni sur une spéculation, ni sur une croyance, mais sur une logique perceptive universelle, pour peu qu’elle soit mobilisée dans son intégralité.
